La vallée de Mandailles, petit village du Cantal caché dans le creux au premier plan. 
A la sortie de l'hiver, les couleurs sont éteintes mais douces, les prés ocre-brun, les forêts de hêtres brun-rosé. Ne ressortent en sombre que les taches des sapinières, et les arêtes dénudées des rochers, mises en valeur par les plaques de neige. De la neige, il en reste beaucoup sur les versants nord, comme ici sous le Puy-Mary, plus haut sommet visible à droite.
Il n'y avait que le ciel qui en jetait !! Bleu intense comme savent l'être les ciels d'altitude. Mais bizarrement, j'ai préféré ignorer la couleur, me décidant pour ce croquis très rapide, 10 à 15 mn, un pinceau, un gobelet, une encre sépia; pour finir, quelques traits de plume.

Le même jour, pique-nique à l'abri du vent dans une petite combe; la pente nous fait dossier.
Les collines fument (en haut à gauche) ; c'est le temps de l'écobuage : on brûle les genêts et les ronces, des pans entiers de montagne sont noircis... Visions d'apocalypse par endroit, avec des arbres morts et des buissons calcinés et tordus. Mais sous peu, tout sera redevenu vert, y compris les invincibles qui reprendront leurs droits !
En face, un petit vallon, une ferme isolée; sur la butte, une hêtraie sapinière mélange les tons de verts, les tons de roux; au fond une brume bleue noie la vallée jusqu'à Aurillac.

 

Fons est un très joli village du Lot; voici une balade croquée le long des ruelles en pente, et au bord du ruisseau.

En deux heures, le tour du village, et 3 petites stations croquis que voici. 1/ la cheminée dite sarrasine et le pignon. 2/ Les cèdres du Parc du château.  3/ Le moulin (je me suis attardée surtout sur le sapin). 
Pour l'ambiance : imaginez un soleil bas d'hiver, dans un ciel bleu foncé zébré par les cheminées qui fument; bien sûr, on a l'odeur du bois qui brûle dans les poêles et aussi en tas dans les prés; c'est le grand ménage de la broussaille ! Et puis à nos pieds, tout doux, l'eau sombre nous clapote quelque histoire ancienne...
J'ai repéré, mais pas dessiné (une autre fois ?):
la jolie halle de pierres, des vestiges de portes en ogives dans les vieux murs (que de remaniements ces maisons ont-elles subit !), le clocher du prieuré, l'affairement des pigeons sur la tour, la sirène qui a perdu la tête mais pas sa queue (sculpture en haut d'un mur, à regarder le nez en l'air), la fontaine et sa gangue de calcaire moussu, les petits ponts de pierre sur le ruisseau et les mouvements dansés de l'eau...
Dessiner, c' est aussi "bader", se poser; c'est voir, sentir, écouter, RESSENTIR... C'est choisir le sujet qui nous met face au soleil, c'est regretter l'ombre qui noie déjà tout un côté des ruelles, et justement la petite halle, c'est se promettre de revenir plus tôt le matin, c'est guetter la poule noire disparue au coin du mur, à peine esquissée, c'est quitter enfin la place quand les doigts sont trop gourds ... 
Dessiner, c'est passer une heure ou deux à s'imprégner de l'harmonie d'un lieu. Que c'est bon !